Books

Publié le mardi  2 octobre 2018
Mis à jour le mardi  16 octobre 2018

Souvenirs, souvenirs

Books, n° 91, 2018

« Je me souviens » : après l’Américain Joc Brainard en 1970 et Georges Perec en 1978, Patrik Ourednik s’est à son tour essayé à ce jeu anaphorique pour dresser un catalogue de souvenirs, proche de l’autobiographie. Mais avec Année vingt-quatre, qui couvre vingt-quatre années (de 1965 à 1989) de la vie d’un adolescent goguenard et rebelle dans la Tchécoslovaquie communiste, l’écrivain tchèque installé en France innove en inventant « une structure qui reflète son intérêt pour la création de systèmes soumis à des contraintes », explique le bohémiste américain Jonathan Bolton dans la revue Context : l’année 1965 est narrée en 24 souvenirs, 1964 en 23, et ainsi de suite.Plus on avance dans le temps, plus le rythme s’accélère. Par ailleurs, et comme à son habitude, Ourednik met le travail sur la langue au centre de son œuvre : son objectif premier est de raviver l’époque par le lexique. Avec un appétit particulier pour les plaisanteries. Un exemple parmi d’autres : « Je me souviem d’une blague : Que s’est-il passé en 1875 ? - Lénine a eu cinq ans ! » En définitive, « le texte d’Ourednik est plus drôle que celui de Perec, plus acerbe que celui de Brainard », écrit Jonathan Bolt